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Les inédits du Lycée

Ce blog est un espace d'informations sur les activités du Lycée Professionnel Saint Charles.

Echange sur la liberté

Echange sur la liberté

Le 15 avril, les élèves des classes de première ont participé à une discussion sur la liberté, avec le Père N'Guyen, l'Imam A.Belghazi, K. Herbo, conseiller à la Cour d'appel de Dijon, et L. Janin, journaliste au Journal de Saône-et-Loire.

ECHANGE SUR LA LIBERTE

Notes prises par Hélène du Couëdic, animatrice en pastorale, à l'initiative de cette rencontre.

Père N Guyen :

L’homme veut toujours plus, il a beaucoup de désirs. Il doit poser des choix. Par ailleurs, de nombreuses choses lui sont imposées, lieu de vie, taille, sexe, … Sommes-nous vraiment libres ? On n’est pas né libre, on le devient par l’acquisition du libre-arbitre, mais celui-ci peut aller contre la liberté. Il y a donc une liberté au-dessus du libre-arbitre. Par lui, on dispose de soi. La liberté est une vocation. Dans le Bible, St Paul le dit. Quand Dieu crée l’homme, Il le crée libre, par amour. Dieu attend la réponse de l’homme et respecte sa liberté. St Augustin disait que « l’homme est créé malgré lui mais ne sera pas sauvé malgré lui ». Il dépend à chacun d’accepter ou non le projet de Dieu. Dieu propose le bien, la vie, le bonheur. Il n’impose rien. Dieu laisse à l’homme la liberté d’accepter l’alliance avec Lui. Pour nous, la liberté est pensée comme quelque chose de personnel. Mais la recherche de la liberté ne peut pas se faire en toute indépendance. Sinon, qu’en est-il de la finitude de l’homme ? Chaque homme a besoin des autres hommes, il apprend par les autres. Il va vers le bien commun. La liberté comporte nécessairement une dimension sociale. Pour qu’il y ait liberté il faut la dépendance les uns envers les autres. La vie ne s’impose pas à nous mais nous à la vie. On ne peut se soustraire du déterminisme que chacun doit assumer. La liberté est aussi un projet, on devient de plus en plus libres ; c’est le résultat d’une plénitude. Si je choisis cela, je choisis de dire oui ou non. Choisir la vérité.

Question : peut-on définir la liberté ? L’homme est toujours appelé à faire le bien selon sa conscience. La vérité rend libre.

Imam A.Belghazi :

Pour l’Islam, quand on parle de liberté, on parle d’Allah. L’homme est le représentant de Dieu sur Terre. Au début, les anges ne voulaient pas de l’homme mais Dieu choisit de créer l’homme et de lui donner l’univers. Dieu dit que nous sommes tous des fils d’Adam. L’Islam est la continuité de la relation ancienne, des prophètes comme Moïse, Abraham, Jésus, Mahomet. « Islam » c’est la soumission à la volonté de Dieu, la paix. La Révélation est une guidance. Dieu nous donne le choix. Revenir au texte, sans trop interpréter. Dieu nous a donné la liberté de croire ou de ne pas croire, c’est écrit dans les textes (aucune obligation). Pas de déterminisme de la part de Dieu. La foi, c’est la sincérité, l’intention, l’abandon. Le Coran dit : « si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait les hommes tous croyants ». Dans l’Islam, Dieu ne veut que le bien, qu’Il libère l’homme. Il y a deux Corans :

  • celui de la Mecque : la croyance, ce qui fait la foi, être libre de son amour. L’homme, est responsable de ses actes, mais peut-il faire ou dire ce qu’il veut ?
  • Et celui de l’Hégire (622).

Pour les musulmans, le prophète, dans le Coran, a été insulté de nombreuses fois. Il n’a jamais voulu se venger, il a toujours été tolérant. En disant « qu’ils ne savaient pas ».

En France, la liberté est très importante. L’Islam, dans les différents pays, est très différent. A travers la modernité, le contexte, on doit faire un travail d’auto-critique.

On ne peut pas changer le Coran ni l’adapter. Dans le Coran, il n’y a pas de violence si ce n’est contre le Satan, contre son ego. Pas de Djihad non plus. Dans le Coran, la vie est sacrée. La liberté est forcément limitée (Adam et l’arbre de vie). Liberté, Egalité, Fraternité : chacun peut trouver sa place. On est libre pour construire, pour connaître l’autre. Entre ce qu’on entend et ce qu’est vraiment la religion musulmane, il y a un fossé.

Question : qu’est-ce-que la liberté et le respect ? La liberté c’est la religion, c’est la morale et l’éthique. Pour un musulman, la prostitution est inadmissible par respect pour la femme. Il y a toujours des limites pour un musulman car il y met l’éthique. L’homme est-il libre de se suicider, de faire ce qu’il veut avec son corps ? Non, car la vie est sacrée, c’est Dieu qui l’a donnée. Au nom de la liberté, on peut aller trop loin. Mais l’Etat peut-il limiter la liberté individuelle pour protéger le plus grand nombre ?

K. Herbo :

(Conseiller à la chambre sociale près la cour d’appel de Dijon après avoir été juge d’instruction et au tribunal correctionnel.)

Le magistrat recherche toujours dans les textes, ils les décryptent et les expliquent.

La déclaration des droits de l’homme assure la liberté d’opinion, de religion ou non (athée), la liberté d’expression, de la presse dans le respect d’autrui, la liberté d’association, de réunion, de manifestation. Il existe des textes internationaux qui corroborent notre déclaration des droits de l’homme. La loi européenne est supra-nationale. Il y a eu des attaques à la liberté tout au long des siècles.

La liberté est la règle sauf s’il y a des textes contraires. Les lois vont de paire avec la jurisprudence.

En cas de diffamation, on doit prouver la privation de liberté. Limites de la liberté d’expression : contrôle à posteriori, c’est-à-dire que l’on sanctionne les personnes qui ont dit ou écrit des choses qui vont à l’encontre d’autrui ; c’est de la diffamation, du non-respect de la vie privée, du droit à l’image, de la présomption d’innocence,…

Tout le monde vivant a droit au respect de la vie privée. Pour les morts, on n’exige que le respect de la vérité.

Notre liberté est de pouvoir saisir la justice, même si cela va contre la liberté d’autres. Le droit français peut nous poursuivre si nous disons des insultes ou diffamation sur Facebook ou Twitter ; aujourd’hui, Twitter bloque les propos antisémites ou homophobes, Facebook aussi.

La liberté d’expression ne permet pas de tenir des propos antireligieux, meurtriers, haineux discriminatoires. La liberté d’expression, c’est la liberté de l’irrespect ou de la satire dans la mesure de l’interprétation du juge. Dans le cas des caricatures de Mahomet, le juge a considéré que ce n’était pas un délit. Les limites de la liberté d’expression n’ont pas été dépassées.

La loi n’interdit pas de se moquer de la loi, mais interdit d’appeler à la haine contre les religions ou de promouvoir le meurtre. Sur 50 procès, C. Hebdo en a perdu seulement 2.

On pourra opposer liberté et limites.

Question : c’est l’Etat ou la religion qui posent des limites. On peut s’exprimer mais on ne peut pas dire de propos racistes, il y a donc un problème de responsabilité individuelle.

Il n’existe pas de monde idéal sans règles. Il faut que l’homme aille vers le bien, l’amour. Comme nous sommes en société, il faut des lois, donc des limites.

La loi libère l’homme (Bible), elle n’est pas négative.

L. Janin :

Journaliste au Journal de Saône et Loire.

La liberté de la presse en France est un principe sacré, inscrit dans la déclaration des droits de l’homme (article 11), qui est inscrite dans la Constitution.

Nous sommes libres mais soumis à des lois. Si on porte plainte contre la Presse ou des journalistes, c’est quasiment impossible d’avoir gain de cause (procédure très compliquée). Mais les journalistes font preuves de bon sens. Quand ils obtiennent des informations, qu’en font-ils ? : Censure, responsabilité ? on utilise cette liberté d’expression, sauf injure et diffamation, pour expliquer et montrer des informations. On fait particulièrement attention avec mineurs (aucune information sur leur identité).

La loi est stricte, mais en France, la Presse est très libre.

Question : quelles ont été les conséquences de l’attentat contre C. Hebdo pour les journalistes ? Ils sont encore plus libres.

S’agissant de la décision de G. Platret interdisant les menus de substitution dans les cantines, le juge peut-il intervenir ? À priori, non.

Et du fait d’interdire les crèches et santons dans les Mairies à Noël, c’est sur le principe de laïcité pure et dure que les Maires ont agi. Aucun tribunal ne pourra leur donner tord car les textes sont laïcs, même si ce n’est pas forcément du bon sens.

Plus on met de limites, plus on bloque la liberté ? Les limites, c’est le lien avec les autres. Les règles permettent de vivre plus de liberté avec les autres car l’homme est fait pour vivre avec les autres. Les lois et les principes ne sont pas les mêmes selon les Etats. En France, le principe est la liberté, l’exception est la limite.

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